Voyage sans retour…
Tu es parti par cette belle journée de fin Aout et j’ai mal en pensant à toi.
J’aurais tant aimé que tu sois là encore à chacun de mes passages, j’aurais tant aimé de tenir la main un peu plus longtemps avant ton long voyage ; J’aurais aimé n’enivrer de tes anecdotes qui savent me faire sourire aux éclats, de tous ces mots que tu me murmurais lorsque nous étions que tous les deux. J’aurais tout simplement tant aimé boire tes paroles encore une fois et m’enivrer de tes sourires.
Tu m’as toujours accueilli avec ton sourire et tes cheveux d’argent. Ta porte m’était toujours grande ouverte même par temps de grand froid et il y avait toujours un coin de banc pour s’assoir prêt de toi.
Mon « toc-toc » discret à ta porte ne passait jamais inaperçu à ton oreille même si tout le monde te croyait à moitié sourde.
La farandole des chats était une ronde interminable de va et viens, de up and down, qui rajoutait un clin d’œil au plaisir de faire une halte chez toi.
Dévoreuse de livres et gourmande le tricot cette longue table était un empilement catastrophique de bouquin. Un patchwork de napperons brodés et pulls de laine tricotés au boulier multicolore.
Je n’oublierais jamais tous ces moments partagés, et ces repas pris au coin du poêle. Quelques tomates du jardin, pommes de terre sautées, et une Richoré en guise de café faisait le bonheur de tous. Pour rien au monde je n’aurais sauté un repas ou manqué le midi précis pour m’assoir à ta table.
Ton diner lui, se résumait souvent à un morceau de tarte faite avec les pommes tombées de l’arbre et un grand bol de chocolat.
Chacun de mes passages étaient comme un flash back en enfance. Je n’oublierais jamais ton gâteaux aux noix et ce sublime savarin aux abricots qui apparaissait comme par magie sur la table de la cuisine ; Cuit au poêle à bois, il détrônait tous les plus grands pâtissiers et exhalait ton amour de donner un peu de toi.
Derrière ces cheveux d’argent se cachait une pétroleuse du fourneau aux doigtés digne des plus grands chefs étoilés.
C’est grâce à toi que j’ai appris que les choses les plus simples n’avaient pas de prix, qu’une salade ramassée au réveil du potager valait toutes les tables de Navarre et que la joie de donner n’attendait rien en retour.
Les poules et les lapins étaient à part entière une partie de toi.
J’aimais à te regarder aller au clapier et leur donner de la paille ou remettre un peu d’eau dans leurs écuelles et quand le soir venu, tu t’empressais de rentrer la horde de poules dans la grange.
Même si tu ne m’accompagnais pas dans la chasse aux œufs, tu savais me dire s’il en manquait un et ou le trouver. Je n’ai jamais su si tu comptais tous les chants de poule qui annonçaient ponte d’un œuf ou si en cachette tu allais les compter.
Aujourd’hui j’appréhende mon retour et je sais que rien ne sera plus pareil, qu’il n’y aura plus ce sourire qui me guète derrière la fenêtre, que ces odeurs de campagnes auront un parfum différent, que les chats passeront et trépasseront au rythme solitaire.
Alors que je relis ces quelques lignes jetées sur ma page blanche, mes yeux se noient dans cet océan de larmes et je veux te dire que je suis très fier d’avoir été même qu’un seul instant ton ami.
Saturnin,
Voyageur d’un jour et heureux pour toujours
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