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Archive for September, 2012

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Retour au point de départ… …

Friday, September 28th, 2012

Alors que le vent effleure la voile de cette felouque qui se laisse bercée par le flot doucereux du Nil, je suis là… …
assis au “Window on the Nile” je me demande si cette dernière journée au Caire sera la dernière d’un long périple de 7 années à rouler ma bosse au grés du vent, du temps, de l’humeur du moment.

Je regarde derrière moi un instant et toutes les images qui défilent ne sont plus que passé. Passé joyeux, passé “challenging” mais passé d’un trip inoubliable.
Des Terre plus à l’Est au froid glacial de tes hivers interminables, en passant par les sables brûlant qui te donne cette impression de marcher sur une plage sans fin ou tu n’atteindras jamais l’océan, crocheté par quelques séjours éclairs de Tchéquie, Luxois… …

Si l’on me donnait cette chance de revenir au point de départ et de recommencer pour revivre chaque instant, je ne changerais pas une seule seconde. Mon seul souhait ne serait que de le refaire deux fois plus vite pour gagner du temps, pour faire perdurer cette longue route sur laquelle je suis venu me perdre, pour fouler d’autres terres inconnues et mystérieuses. Toujours avide de plus de challenge, de découvrir de nouveaux horizons sauvages et mystique, de partager qu’un seul instant d’un autre monde, d’un monde avec les autres.

La felouque repasse et continue son flot tel mon voyage se poursuit même si cette nouvelle terre à fouler est ma terre natale, terre Paname.

Demain matin, “back to you”, retour au point de départ… …
Serait ce là la fin du voyage, serait ce là le cercle qui se referme sur lui-même, ce ring d’amour vécu, cette bague de mariage avec le voyage … …

Paname, moi qui t’ai quitté il y a de cela prêt de 7 années, me revoilà.
J’apprendre à refouler ton sol, tel mon premier baisé volé… …

Saturnin,
Voyageur d’un jour et heureux pour toujours

Jordanie, ou le silence de l’épuré… …

Tuesday, September 25th, 2012

Partir, rouler sa bosse pour son plaisir ou professionnellement décape et forge l’esprit.
En voyage on se frotte l’âme, le corps… on use le monde du voyage dans son étrangeté, dans ses beautés comme du papier de verre.
Le voyage nous métamorphose, c’est un peu comme une mue, comme se refaire une nouvelle peau… …

Jordanie… Pays ou enclave entre ces mondes Arabes, tu m’as accueilli durant ces 20 derniers mois.
C’est toi qui tu m’as permis de réaliser cette vie de nomade solitaire, c’est toi qui m’as offert cette inspiration au silence et à l’immensité ;

Alternance entre une vie professionnelle tumultueuse, perdu sur les berges salées de la Mer Morte et une vie nomade, tu m’as offert cette plus grande joie que celle de vivre le rêve enfantin et romantique d’une vie à l’air libre, d’une après-midi sous ta tente Bédouine, du partage d’une tasse de thé au cul du camion citerne.

Pendant ces 20 derniers mois j’ai parcouru des centaines de kilomètres, foulé ton sol du nord au sud d’Est en ouest, affronté tes chaleurs torrides et tes manteaux neigeux des terres plus au Nord.
Depuis tout là haut, dans ce ballon magique, j’ai scruté ton horizon et savouré ton immensité.
Au cœur de ton Wadi tu as été ma maitresse sans pareil et nous avons partagé corps à corps ces nuits froides ensablées et enlacé l’un à l’autre.
Tu as déployé à mes pieds ces trésors de patience, d’hospitalité sans pareil.

Grace à toi, je sais maintenant que le Wadi est comme un frère, qu’il se dépouille de tout artifice, et que seule notre respiration trouble ce silence.
On s’y avance pris par la grandeur et la splendeur des paysages puis on se retourne un seul instant et il n’y a plus rien.
On se retrouve soudainement face au néant, sans savoir ou sont passé les hommes, les villes, la sublime civilisation connue…. C’est la béance, la vacuité pure.
Mais ce néant c’est tout simplement un écart, une distance qui n’arrive plus à s’arrimer aux êtres et aux choses qu’on connait.
Au cœur de cette solitude et cette immensité, on entrevoit une réalité, une planche de salut, c’est l’éternité d’un clin d’œil.
C’est alors qu’on comprend l’intervalle qu’il peut y avoir entre nous, l’intervalle qui nous sépare du monde et de nous.

Grace à toi je sais maintenant que ta mer morte offre un paysage à se devenir aveugle.
Une Mer morte, où la géographie inversée me fait passer en dessous des 483 mètres et sans pour autant me retrouver la tète à l’envers….
Une drôle de sensation ou l’équation négative donne lieu à un silence épuré, à une arène sauvage qui s’ouvre sur l’horizon israélien.
C’est comme l’impression d’entrer dans un anti monde où la géographie est opposé, où les lois de la physique semblent marcher sur la tête.
Mer Morte tu t’enivres de sa propre solitude, sans vague et sans marrée, tu nous réserve l’arrivée d’un désert de sel au fur et à mesure que les années défilent.

Grace à toi j’ai découvert ton peuple bédouin. Noblesse, allure et libres, ces bédouins d’hier et aujourd’hui sont tes seigneurs. Ils reflètent l’histoire de ta terre et mon offert ce privilège que de me mêler à leurs couleurs, leurs odeurs, leurs sourires plein de pudeur.
Plus chanceux que d’autres, j’ai partagé sous leur tente leur thé de sauge et menthe sauvage.
Un instant je reste silencieux, la vue brouillée par la lumière de l’extérieur, je me délecte à observer cette vieille dame qui me regarde avec son sourire sans dents. Elle est là, assise dans le coin comme pour se cacher des regards du visiteur.

Grace à toi je me suis plu a partager ces moments à remonter tes torrents, à me saouler sous tes cascades d’eau fraiches en plein milieu de ton désert rocailleux.

Mais durant ces moments passés ensemble, tu m’as appris à accueillir le silence et le laisser s’échapper par la fenêtre d’un train.
Alors que je regard le ciel, je scrute ton horizon, je ne pense à plus rien, j’ai fait taire en moi ce brouhaha intérieur, cette éternelle pulsion parlante.

Tu m’as aussi surtout appris que la liberté ne revient pas à agir à sa guise ou même à triompher des distances parcourues mais à disposer de son temps. Le temps se dilate, la liberté ouvre à l’inspiration et l’insignifiant devient alors essentiel.
Ce voyage aura été est une invitation à conquérir l’essentiel car partir c’est mourir un peu pour vivre beaucoup.
Il me semble avoir vécu une existence différente ou j’ai réappris à vivre, ou j’ai réappris à voir le monde.

Je repars avec ces photographies de ta terre Jordanienne ou tout simplement des clichés volés… peut importe car ils resteront pour moi la fascination pour l’ailleurs, cette inspiration à l’immensité du silence.

Saturnin,
Voyageur d’un jour et heureux pour toujours