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Huay Xai – Luang Nam Tha : un autre voyage de l’extreme

Il est huit heure, nous venons de passer notre premiere nuit au Laos, la nuit fut bonne et le reveil par le coq un peu matinal. Le petit dej, assez classique et le soleil se leve. Tout semble bien commencer.
Le veille nous avons achete notre ticket de bus pour Luang Nam Tha. Le trajet ne s’annonce pas facile et c’est parait il l’une des routes les plus dures du Laos.
Enfin nous sommes prets, sauf que la personne nous ayant vendu les billets avait fait une erreur : nous ne demarrons pas a 8h mais a 8h30. Ce n’est pas tres grave, nous attendons dans notre guesthouse.
8h30, c’est bon. Le tuk tuk nous attend a l’exterieur pour nous emmener a la gare routiere. Nous attendons quelques voyageurs et nous partons. Premier arret, le quai : 2 personnes parte en bateau pour Luang Prabang. C’est un fast boat, le trajet ne dure que 6 heures au lieu de 2 jours pour le slow boat. En prime, les passagers doivent porter un casque et un gilet de sauvetage… Notre chauffeur leur addresse un “bonne chance” plein de sous entendu. Nous reprenons la route vers la station de bus. Elle est loin et nous sommes encore dans la ville que la route s’est transformee en piste de terre battue avec de nombreux trous. Ca ne laisse rien presage de bon.
Nous arrivons a la station de bus. C’est tres calme, un seul bus attend. Ce doit etre le notre. D’ailleurs la gare routiere est detaille tres modeste : un WC, un guichet, un petit magasin et c’est tout. Je constate qu’il n’y a que 2 departs de bus par jour : pas etonnant que ce soit petit. Huay Xai, a la frontiere avec la Thailande, n’est desservi que par une seule route, celle que nous allons prendre. Ce n’est pas si etonnant que le traffic soit faible. Le reste des echanges avec l’exterieur est effectue par bateau via le Mekong.
Le toit de notre bus se charge. Le depart est prevu a 9h30. Parmi les marchandises montees sur ce toit, les bouteilles de gaz tout pres de mon sac a dos attirent mon attention : pourvu que l’on ne se renverse pas.
Dans le bus, c’est charge egalement : toute l’allee centrale est occupee par des sacs de sucre et il y a un gros carton a l’entree que chaque voyageur doit enjamber.
Je me promene en attendant le depart, il y a peu de mouvement. Seuls quelques chevres et volailles cherchent a manger autour de notre bus. Des chiens errants se battent. Pas loin, il y a l’aeroport, c’est une piste en terre battue pour y arriver. J’aimerai voir a quoi ressemble cet aeroport.
Je remonte dans le bus qui se remplie tres lentement. Le Laos, ce n’est pas comme l’Inde : meme avec un seul bus par jour, il faut attendre pour le remplir. La population totale du Laos est, il est vrai, egale a un tiers de celle de la ville de Mumbai ! Sur ce point, c’est tant mieux pour nous, le bus est plus spacieux. Un homme transporte un coq, il embarque avec son animal de compagnie. Esperons qu’il n’a pas la grippe aviaire !
Sous le grand abribus, des locaux attendent. Ils ne prennent pas le bus. Ils attendent que le temps passe ou simplement profitent d’un banc a l’ombre.
9h45 : nous ne sommes toujours pas partis. Le bus conitnue de se remplir au compte goutte mais il est presque plein maintenant. Ce bus est de la marque Hyundai, pas la derniere generation mais nous apprecions le fait qu’il soit 2*2 et pas 2*3 comme en Inde. On a de la place excepte pour les jambes mais ca devrait aller meme si le trajet s’annonce mouvemente : 190 km environ, temps estime : 8 heures.
9h47 : le moteur a du mal a demarrer. La premiere tentative est un echec. La deuxieme est un succes mais le moteur s’arrete peu apres. Il y a un probleme dans le ralenti. Cela ne semble pas effraye le chauffeur qui retourne dehors.
Un passager commence a fumer dans le bus, il est juste devant moi. C’est la premiere fois que nous avons a faire a un bus fumeur, cela ne va pas faciliter le trajet. Esperons qu’en roulant et avec l’air ce sera respirable.
9h51 : controle des tickets, ca semble vraiment bien organise sauf que les horaires ne sont pas respectees. Mais pas de doute nous allons bientot partir.
Un camion arrosant le sol passe sur la “piste” qui fait office de route principal, sans doute pour la poussiere. Celle ci devrait etre presente le long du trajet, nous prevoyons d’etre vraiment sale a l’arrivee.
10h : nous partons enfin, le bus est plein.
Des le debut, il y a des travaux partout. Le bus tremble enormement et bien sur avance a vitesse reduite. Il n’y a pas de route, ou enfin si celle-ci est en construction.
Nous profitons neanmoins de nos premieres images du Laos : maisons en bois sur piloti, comme en Thailande, nombreuses volailles, et quelques passants au bord de la route. C’est assez joli.
Nous croisons un premier vehicule, le nuage ocre de poussiere est terrifiant. Des voyageurs Laossiens habitues se protegent la bouche. Quelques fenetres sont ouvertes (il fait en effet chaud) et la poussiere penetre sans difficulte dans le bus. Il va falloir faire un compromis : chaleur ou poussiere. Le choix est difficile.
La route est vraiment ocre, tout est ocre : la route, les arbres, l’herbe, les maisons. Tout ce qui est proche de la route. Cela fait un joli constrate avec le ciel bleu, pour le reste, c’est assez difficile d’imaginer vivre a cote de cette route, pourtant nous croisons de nombreux habitants qui n’ont d’autres moyens que de se proteger la bouche avec leur chemise lorsque nous passons.
La poussiere est vraiment dans le bus, la gorge commence a faire mal.
10h20 : la musique apparait. Depuis une experience en Egypte, cela me fait peur, mais cette fois les choix musicaux et le volume semble ok.
La route est toujours en chantier mais finalement pas trop mauvaise. Nous devons faire des pointes a 50 mais il y a des nombreux ralentissements pour eviter les trous et les vehicules de chantiers.
Non tout n’est pas ocre, il y a du noir aussi. A chaque changement de vitesse, un nuage noir apparait. Pas de distinction, une partie entre aussi dans l’habitacle du bus.
10h33 : nous passons en face d’un pont en construction : 3 ouvriers sont presents : 1 semble travailler, 2 autres regardent. La route est loin d’etre terminee…
Ca monte. Le paysage devient de plus en plus montagneux. Le bus peine : 10 km/h maximum.
La piste est de pire en pire. Poussiere, poussiere et secousse.
Les paysages sont jolis : montagnes verdoyantes mais les vitres teintes de facon non homogene ne permettent pas d’en profiter au maximum.
Ca continue de monter, quand va-t-on s’arreter ? Le moteur semble hurler de douleur.
11h : une seule heure de faite. Il en reste 7 s’il n’y a pas de retard. C’est sur, on ne va pas arriver tres frais.
Nous descendons enfin, mais la vitesse n’est pas beaucoup plus grande avec les virages.
Nous deseperons de voir du goudron. Jenny somnole, elle a raison, ca va etre long.
Mon voisin a l’avant en grille une autre. Il se fait rouspeter par le responsable du bus, tant mieux, finalement c’est un bus non fumeur.

Il fait chaud mais pas question d’ouvrir plus les fenetres avec la poussiere. Une banane nous fait passer le gout de celle-ci dans la bouche. Une passagere a moins de chance, c’est un autre gout qu’elle a dans la bouche, son petit dejeuer passe par la fenetre !

Les villages que nous passons sont souvent tres petits : 20 maisons au maximum. Tout est en bois et en bambous, meme les toits. Pas besoin d’un trek de deux jours pour trouver de l’exotisme et du traditionnel au Laos. Il semble que le temps se soit arreter pour ce village. Seules quelques panneaux solaires de temps en temps prouvent que nous sommes bien au XXIeme siecle. Les villages sont souvent tres calmes : ou sont les habitants ? Peut etre au champs. De notre fenetre, nous ne voyons que les animaux : volailles, buffles, et cochons.

11h30 : un bruit ! Une odeur de caoutchouc brules. Un pneu a probablement explose. Arret. Nous sortons. Effectivement, c’est le pneu arriere. Le changement de roue commence. Cela nous permet de prendre un peu d’air frais meme si le soleil brule deja.

Personne ne s’affole, ce doit etre habituel.

11h50 : ca se termine. A priori, je ne vois qu’une seule roue de secours : je me demande ce qu’il arrivera si nous crevons une seconde fois. J’espere ne pas avoir la reponse.

Un panneau signale 54.400, ce doit etre une sorte de borne. Il nous reste 140km.

12h : nous repoartons. Pour combien de temps ?

Nous passons un panneau “Road Construction ahaed” : amusant, c’est depuis le debut qu’il y a des travaux…

Les deux mecanos ayant change la roue rentre dans le bus par la fenetre ! Ils etaient sur le toit en train d’attacher la roue creve, pas le temps de s’arreter.

Soudain, nous prenons un virage sur les chapeaux de roue, je recois, sans gravite, une bouteille de Sprite sur la jambe.

J’essaie de dormir. Ca marche plus ou moins, enfin plutot moins. Je me mouche, c’est noir !

13h03 : suis je en train de rever. Nous avons du macadam, la route est flambant neuve. C’est magique : pas de poussiere, on va plus vite et ca ne tremble pas. Seule la montagne et les virages nous ralentissent maintenant, mais peu importe, c’est si comfortable.

13h10 : la fete fut de courte duree et c’est deja termine. Ils sont en train de refaire l’ensemble de la route et seule la petite partie que nous venons de passer est terminee. Retour a la piste et a la poussiere.

13h19 : nous faisons un premier arret pour prendre un passager. Contrairement a l’Inde, il n’y a pas d’arret intempestif, c’est agreable mais la vitesse moyenne n’en est pas vraiment amelioree !

13h31 : km 100 !

13h35 : arret !??? La rout eest bloquee par des gravats qu’une pelleteuse nichee 30 metres plus haut envoie sur la route. Plusieurs camions et jeeps attendent. Difficile de savoir combien de temps cela va durer.

13h50 : la pelleteuse s’arrete. Une autre entre en jeu pour degager la route. Nous devrions bientot repartir.

14h05 : la rout est libre.

14h30 : pause dejeuner. Une petite maison en bois et sa terrasse servent de restaurant. Nous avons le choix des plats dans des casseroles. On choisit ce que l’on pense reconnaitre : riz et legumes. Il y a aussi des morceaux peu attirants… Un coca accompagne ce leger repas. Un Danois nous explique que quelques annees auparavant la route etait bien pire et beaucoup plus etroite. Aujourd’hui Chinois et Thailandais y travaillent pour creer un axe : Chine – Thailande. Le Laos, qui n’a pas les moyens, ni la connaissance, pour construire une route en profite. Sur le chantier donc uniquement des Thailandais et des Chinois travaillent !

14h55 : c’est reparti.

Nous passons une autre zone de travaux. Le bus penche dangereusement mais ca passe.

Par la fenetre, nous voyons un groupe d’enfants avec des harpons et des poissons. Le programme des enfants au Laos semble etre differents de celui des enfants occidentaux qui se resume a l’ecole.

15h23 : arret dans un grand village (sans doute quelques centaines d’habitants). C’est charmant.

15h27 : nouvel arret sans raison. Ah si, ce sont les travaux, comme toujours.

Le paysage change : moins de montagne et une vallee avec riziere et autre champs. L’ensemble est relativement sec, il n’a pas plu depuis des mois au Laos, la saison de pluie devrait bientot revenir (mai, juin).

Nous passons a guet plusieurs petites rivieres. Ca passe sans probleme, les ponts sont en construction.

16h19 : cette fois, c’est un arbre qui est au milieu de la route. Une tronconneuse s’en charge. C’est encore une fois le resultat des travaux qui n’en finissent pas. Les Thailandais y travaillent sur plus de 100 km en meme temps. Bientot, le charme de cette route fatiguante sera perdu, et le trajet sera fait en quelques heures… Sur les hauteurs, une pelleteuse arrache arbre sur arbre, c’est le prix de la modernite.

16h21 : notre chauffeur arrete son moteur, ca va etre plus long que prevu..

16h27 : nous repartons.

Finalement, nous arrivons sur une zone sans travaux et decouvrons la route telle qu’elle etait auparavant : bien pire. C’est etroit au point que nous ne pouvons pas croiser d’autres vehicules sans que l’un se gare sur le cote, et c’est en terre : impraticable durant la saison des pluies. De plus encore une fois le paysage change, nous sommes desormais dans une jungle verdoyante.

Nos vetements sont oranges. Il est 17h20, la fatigue gagne du terrain. Nous n’avons aucune idee de l’endroit ou nous sommes et la distance qu’il nous reste a parcourir.

17h30 : nous sortons de la jungle et arrivons dans une plaine. La route ressemble de nouveau a une route. Nous passons meme sur un pont.

17h46 : la ville approche. Un premier arret pour faire descndre quelques passagers. Nous sommes a 6km de l’arrivee.

18h00 : c’est enfin fini. Nous y sommes ! Pas vraiment frais et plutot odorant. Cette premiere aventure au Laos n’aura pas ete la plus facile, ca change de la Thailande. Pas de doute, nous aurons d’autres aventures dans ce pays…



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